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Pierre Papillaud, ça coule de source, vraiment ?

Mercredi 27 Janvier 2016

Pierre Papillaud est un Normand devenu leader français dans le domaine de l’eau minérale. Parti d’une source en Normandie, il a réussi à s’imposer aux Etats-Unis. Rencontre avec un entrepreneur qui a débuté au bas de l’échelle.


Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur Pierre Papillaud. L’homme âgé de 80 ans est aujourd’hui l’une des plus grandes fortunes de France. D’une source d’eau dans un petit village normand nommé La Ferrière Bochard, il a monté un empire de 70 entreprises et 3000 employés. Il joue également l’acteur pour ses bouteilles d’eau Rozana. « Ce n’est pas facile d’être comédien mais nous nous sommes bien débrouillés », rigole-t-il. Il est connu pour ses coups de gueule dans les médias et sa force de caractère. Mais derrière ce côté brut de caractère se cache un homme fidèle. En effet, la société-mère de Cristaline se trouve toujours à La Ferrière Bochard. « C’est un côté très affectif. Je ne vois pas comment je pourrais abandonner l’endroit qui a fait ce que je suis. », alors même que la source Roxane n’est plus puisée depuis plusieurs années. Quant à ses « vieux compagnons » qui ont commencé avec lui, « je les ai emmenés à la retraite. »
 
« On peut le dire, l’eau, c’est ma vie. » Plus jeune, Pierre Papillaud ne se destine pourtant pas à cette voie. « Je gardais les vaches petit, se rappelle-t-il. Ma carrière professionnelle, je ne l’ai ni voulue, ni préparée. Je n’ai pas eu la chance d’étudier. » Son destin change lorsqu’il épouse la fille du propriétaire d’une source d’eau en Normandie. « Je revenais de la guerre d’Algérie, je n’avais pas de travail. Mon beau-père m’a proposé de m’embaucher. » La Roxane ne compte alors que trois salariés et embouteille à peine 700 bouteilles par heure. « Je n’y connaissais rien. Je me levais à 3 heures et je fabriquais des caisses avec du bois et des clous. Peu importe ce que l’on fait, du moment qu’on le fait bien. » Au fil du temps, il passe par tous les postes et prend le temps d’analyser les gestes.
Un destin pas tout tracé
Malgré tout ce qu’il accompli, Pierre Papillaud ne se sent pas maitre des évènements. En effet, le métier de l’époque n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Le PVC a remplacé le verre et les grandes surfaces ont vu le jour. « Une chance car très peu de bouteilles d’eau se vendaient à l’époque, explique-t-il. Sans ça, l’entreprise aurait coulé. » Cristaline nait plus tard, en 1995, de la fusion des différentes sources françaises de l’entrepreneur. Coup du sort, sa femme tombe gravement malade. « Par amour, je serais resté m’occuper d’elle à la maison mais elle voulait que je prenne l’air. Je suis donc parti aux Etats-Unis. » Il commence par acheter une petite entreprise. Aujourd’hui, il en compte une dizaine outre-Atlantique et peut même se vanter d’y avoir introduit la bouteille d’un demi-litre.
Mais le Normand ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Je ne vais pas passer mon temps à la maison, s’exclame-t-il. D’autant plus que je connais très bien mon métier. » Cristaline fait partie des leaders de l’eau minérale en France. En 20 ans, elle grignote petit à petit les parts de marché. « C’était inimaginable de devenir numéro un, mais ce n’est pas fini ! » Une des raisons  de son succès ? Son prix inférieur aux autres grandes marques. Son image populaire marque également les esprits. Chaque Français se rappelle de Guy Roux déclarant « Cristaline, ça coule de source » dans une publicité de 2002. Depuis 2010, c’est la petite-fille de l’une de ses collaboratrices qui a pris la vedette. « Elle est adorable ! »
Le futur passe par le recyclage
Quand vient l’heure d’envisager le futur, le chef d’entreprise se révèle moins sûr de lui. « Je vois l’avenir avec des lunettes, plaisante-t-il. Ce que je pourrais prédire aujourd’hui ne sera pas forcément vrai dans l’avenir. » Dans les années qui viennent, il aimerait développer le recyclage. « Nous sommes le seul groupe qui récupère ses bouteilles auprès des supermarchés. Sur 100 000 PET, 20 000 proviennent de produits recyclés. » Une chose est sûre, les sources suisses ne sont pas près d’être convoitées par Pierre Papillaud. « Je ne vais pas m’implanter dans un endroit avec si peu de consommateurs. Même si la Suisse doit être un pays agréable sous d’autres aspects. » L’entrepreneur a cédé à son fils la direction de ses entreprises américaines. C’est aussi lui qui reprendra l’empire normand. « C’est une affaire de famille, c’est important que ce soit lui qui continue l’histoire.

Lisa Callens


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